Samedi 6 juillet 2013
Quelle vie ! C’est encore à potron-minet qu’il faut s’arracher des bras de Morphée pour aller faire la queue au guichet Finnair de Roissy CDG. C’est les vacances : dans quelques heures nous serons en Finlande, juste au milieu, et au cœur des WOC 2013.
Les ediar ont des accréditations VIP : ils pourront se gaver de petits fours avec les grands du petit monde de la CO mondiale. Marc et moi avons les accréditations MEDIA qui nous permettront de jouer les journalistes. On a déjà listé des questions.
A Helsinki, escale pour Oulu (o-ou-lou) nous sommes rejoints par Vincent FREY, de Mulhouse, membre de la commission Pied de l’IOF, qui a fait tout un périple depuis l’Alsace. Zurich d’abord puis Zurich – Berlin, Berlin – Helsinki. En blaguant Michel lui dit que ses bagages risquent de ne pas suivre…
Nous nous posons en début d’après-midi à Oulu et là, la loi de Murphy s’applique. Vincent ne retrouve pas son sac. Nous apprendrons plus tard que trois membres de l’équipe de France ont vécu la même mésaventure.
Sur la Kainuu Rastiriiko qui fait cette année office de course open et le championnat du monde (pour les élites) 30 Français sont inscrits. En tout, l’évènement a déplacé environ 8000 personnes, principalement Scandinaves naturellement.
Nous commençons par une visite rapide d’Oulu. Il fait beau. Sur la place du Marché, on s’acclimate sans tarder en testant les spécialités locales : hareng, saumon, renne et légumes frits dans de larges woks. C’est un peu gras mais avec la Katin Kulta (bière locale), ça se laisse avaler.
Puis direction Vuokatti : 200 km de route droite, à 90 km/h, au milieu de jolies forêts de pins propres et plates, sans rochers apparemment. On s’attend à des cartes blanches pleines de microreliefs, des réseaux de fossés et quelques rares sentiers. Mais attention, le paysage s’élève et devient collines dans la région qui va nous intéresser les jours suivants.
Tout de suite, nous allons au centre de course, que nous avons trouvé un peu au flair, le fléchage étant inexistant jusqu’à 100 m des installations. Où sont nos jolis panneaux FFCO ? Nous récupérons notre viatique pendant que Vincent entame déjà son programme de réunions. La distribution des dossards nous laisse perplexes : il faut le décrocher soi-même d’une corde (en France, l’émeute assurée) puis on nous donne l’enveloppe correspondante qui contient surtout la plaque Emit, équivalent de notre puce Sporident (comme en Belgique). Bon, ça commence à devenir bien réel.
Allez zou ! A l’hôtel ! On s’installe dans nos chambres claires et spacieuses. Claires, elles le resteront d’ailleurs jusqu’au bout, non seulement parce que la météo sera belle toute la semaine – sauf quelques averses le mercredi – mais surtout parce que nous allons vivre le jour le plus long de notre vie (jusqu’à maintenant) vu que le soleil ne se couchera tout simplement pas. Heureusement, les rideaux sont épais.
Le 7 juillet : première longue distance
Le terrain : au-dessus d’un lac, une forêt claire et vallonnée, des fûts de pins très droits et dénudés jusqu’aux deux tiers, un tapis de myrtilles et de lichen. On dirait un paysage dessiné. La carte, comme prévu, est blanche, avec de grandes surfaces de clairières.
Sur l’aire de départ, des locaux nous expliquent comment insérer un carton sous la plaque Emit pour palier une éventuelle défaillance électronique : le dessous de la plaque comporte une grille de petits trous ; lorsqu’on pointe le poste, les picots du boîtier impriment en même temps un poinçon manuel. Le fait est que ni diode ni bip ne confirment que le pointage est validé.
Nous sommes hésitants. Michefchef avoue avoir eu du mal avec la première balise. Les limites de végétation entre des sapins d’un mètre cinquante et ceux de plus de trois mètres ne lui apparaissent pas flagrantes. Marco a plutôt une balise relativement simple comme premier poste. C’est bien pour ce mettre dans la carte.
A l’arrivée, nous avons la sensation d’avoir fait une assez bonne course, malgré quelques hésitations sur l’interprétation de certaines zones de végétation qu’en France on aurait cartographiées en vert et pas en blanc. Les résultats, en revanche, nous font augurer une semaine difficile pour nos égos.
94/99 Michel Ediar France FRA 1:33:50
131/141 Marc Ammerich France FRA 1:16:47
61/64 Helene Ediar France FRA 1:41:04
85/92 Odile Herve-Jousse France FRA 1:10:40
Ouhlàlàlà ! Déjà que chez nous on n’est pas très bon, mais alors là on est au fond du classement.
Bon, on dirait que les Finlandais sont majoritairement sportifs, et en plus ils orientent. Des chiffres ?
Les finlandais sont environ 5,5 millions d’habitants et même si le modèle de l’homme fort du nord est assez répandu dans la population locale (attention fort ne veut pas dire obèse), la très grande majorité s’adonne à une activité physique et quel que soit l’âge.
Nous avons croisé durant toute cette semaine nombre de gens à pied, en vélo sur des patins et des skis à roulettes.
Après avoir conversé avec des locaux et regardé le site internet de la fédération finlandaise, voila ce que l’on peut en dire
La fédération (FOF) compte plus de 400 clubs membres pratiquant toutes les formes d’orientation (course d'orientation à pied, course d'orientation à ski et la course d'orientation en VTT)
Le plus grand événement de course d'orientation en Finlande et dans le monde est Jukola relais (Jukolan Viesti), qui a lieu en Juin. Il y a sept relayeurs dans la compétition masculine. La course commence le samedi soir et se termine le dimanche matin. Les femmes ont leur propre relais Venla (Venlojen Viesti), avec quatre relayeuses. Plus de 1.300 équipes participent au relais Jukola et plus de 800 en Venla relais.
Deux semaines d'orientation sont proposées en Finlande en Juillet dont la. Kainuu Semaine d'orientation (Kainuun Rastiviikko). Cette année cette compétition s’inscrivait dans le cadre des championnats du monde.
Enfin la Top League (Huippuliiga) est une série de courses pour les meilleurs orienteurs. Les gagnants de la ligue sont récompensés par un prix monétaire. On comprend maintenant pourquoi les meilleurs étrangers sont recrutés dans des clubs finlandais pour ce type d’épreuve.
Au niveau médiatique, il y a 4 à 6 événements par saison, qui sont tous diffusés sur la chaîne sportive finlandaise, voir la première chaîne nationale, comme ce fut le cas pour les WOC.
Finissons par quelques chiffres éloquents : le nombre de licenciés est environ de 40 000 et le nombre de pratiquants occasionnels peut aller jusqu’à 400 000.
Vous l’avez donc bien compris, la course d’orientation en Finlande est un sport national avec ses stars.
C’est presque 1 finlandais sur 10 (1/13) qui a eu au doigt une boussole. A comparer à nos chiffres (8000 licenciés, environ 25 000 pratiquants pour 65,8 millions d’habitant.
Et ils commencent la C.O très tôt !
Fier comme Artaban avec sa carte en main
Hélène à l’arrivée
Michefchef dans le sprint final
Michefchef dans le sprint final
La carte d’Odile
Le 8 juillet : Open sprint
Avant l’open sprint nous assistons à la qualification du sprint pour les élites. Nous allons courir sur leurs cartes après.
Pendant ce temps-là le carré VIP est animé :
Vincent Hélène et Michel
Nous courons sur la carte des qualifications. Pratique : il suffit de sortir de l’hôtel. C’est une zone pavillonnaire, un grand village de vacances avec des maisons quasi identiques, une plage, des jeux pour les enfants, un parc et son mini-golf. Il n’y a aucune restriction d’accès autour des maisons qui n’ont d’ailleurs pas de barrière. Les organisateurs ont disposé à plusieurs endroits des barrières de bois ou d’alu (dont les coureurs du matin avaient dit qu’elles n’apportaient pas grand-chose, ce qui a été notre avis ultérieurement). La caractéristique est donc qu’il faut rester très vigilant sur son cheminement du fait que toutes les maisons se ressemblent.
Pour nous, la difficulté majeure est tout simplement d’y accéder : c’est une course supplémentaire aux LD et MD et nous devons récupérer une autre carte Emit. Lorsque nous arrivons, il y a au moins 200 m de queue devant la tente de distribution. Pfff !
Nous décidons alors de profiter de nos privilèges : en tant que VIP et MEDIA accrédités, nous avons les cartes balisées des qualifs. Or, les postes sont bien sûr toujours en place. Nous pouvons donc courir en off en nous répartissant les différents parcours. Au diable le classement. Petit bémol, il n’y a aucun moyen de vérifier les éventuels PM. On dira qu’il n’y en a pas, en toute bonne foi. Résultat, chacun est arrivé dans un temps inférieur au double des meilleurs de l’élite mondiale. Hé, hé ! C’est Michel le plus rapide, environ 21 minutes, puis Hélène, Odile et Marco ferme la marche en 25 minutes.
Formidable, non ? (on a les joies de ses moyens).
La cérémonie d’ouverture
Une petite douche et hop, à la cérémonie d’ouverture, à Sotkamo. Elle est organisée dans un stade, les gradins sont pleins de gens et de petits drapeaux de toutes les couleurs. II ne manque que le bleu-blanc-rouge français. Faudra vraiment faire mieux l’an prochain en Italie.
44 nations s’auto-acclament les unes après les autres. On donne tout ce qu’on peut … Nous avons un moment de doute quand la Corée est annoncée et que nous voyons apparaître la bannière de la Corée du Nord (dixit Marco qui les connaît comme un coureur des mers. On remarquera plus tard que c’est bien le drapeau de la Corée du Sud qui flotte près du podium du centre de course).
L’Europe est évidemment le continent le plus représenté. Il y a quelques nations exotiques comme l’Azerbaïdjan. Nous partageons notamment l’espace Photo avec un de ses représentants que nous appellerons « Monsieur 1000 shots » car il mitraille à tout va (tout en se ménageant quelques instants pour faire la conversation avec une élégante blonde). Ce pays, particulièrement heureux d’être de la fête, a organisé une conférence de presse à laquelle Vincent a assisté. Il y a reçu des mains de l’ambassadeur une merveilleuse œuvre d’art remise par la suite en bonne et due forme aux plus hautes autorités françouaises de la CO, MiChefChef en personne.
De jolies danseuses ont animé la cérémonie
La finale du sprint, quant à elle, a donné aux Finlandais l’occasion d’exulter grâce à une médaille d’or chez les hommes et une de bronze chez les dames.
Le 9 juillet : Finale Longue distance élite
Pas de course open
Thierry Gueorgiou champion du monde
« Thierry Gueorgiou, le meilleur orienteur de tous les temps » commentait le présentateur avant même son départ. Il l’a confirmé 1h41mn39 plus tard, devant une foule d’autant plus enthousiaste que le Finlandais, Jani LAKANEN remporte l’argent à 1:18 derrière.
Sur ce parcours de 19,8km et 610 m D+, Philippe ADAMSKI réalise aussi une belle performance française en terminant à la 12ème place, content de sa course.
Le 10 juillet : deuxième longue distance
Le ciel s’est voilé. Il bruine. Les beaux paysages paraissent moins attrayants. Nous courons sur une partie de la carte où TG a ajouté un 11ème titre mondial à son palmarès avec ce commentaire, déçu par un terrain trop facile « il n’y avait pas grand-chose à faire à part courir ». Ce qui a quand même fait hurler de rire quelques-uns des journalistes de la conférence de presse.
Odile qui en termine de son circuit
Nous avons la volonté farouche d’améliorer les chronos. Pour les places, faut pas rêver, nous restons collés au fond de la casserole :
101/105 Michel Ediar France FRA 1:21:07
124/139 Marc Ammerich France FRA 58:12
59/68 Helene Ediar France FRA 59:52
84/90 Odile Herve-Jousse France FRA 1:04:18
Ce même après-midi, nous sommes invités à participer « la course la plus importante de ces championnats du monde ». C’est ainsi que l’a qualifiée le président de l’IOF, le britannique Brian Porteous, venu nous congratuler après la remise des prix.
C’est une sorte de sprint-MD organisé autour du centre de course, réservé aux VIP et MEDIA. Deux distances étaient proposées : « facile » et « difficile », soit 3 km ou 5,6 km. Vincent a joué petit bras en s’alignant sur le circuit facile mais s’offre une jolie 4ème place, qui lui vaudra un petit cadeau. Pour nous, c’est plus mitigé : pas mal pour Michel, Hélène et Marco mais une plantade incompréhensible pour Odile. On se souviendra qu’Hélène s’est rebellée contre une attaque de Marco à la troisième balise et a cravaché tout le reste du parcours pour finir 2mn20 avant lui.
1 Håvard Tveite 30:45
24. Ediar Nichel 47:40 +16:55
31. Ediar Héléne 57:26 + 26.41
34 Ammerich Marc 59:46 +29:01
44 Herve-Jousse Odile 1:24:21 +53.36
Sur 50 participants
Le 11 juillet : première moyenne distance
Sans MiChefChef qui participait à une réunion des présidents de fédés.
Cette fois encore, nous avons complètement changé de terrain. Aux dires d’un français qui s’était entraîné la veille sur une carte limitrophe, on peut s’y perdre. Même qu’il n’en menait pas large, tout seul dans la grande forêt pleine d’arbres et de bêtes sauvages.
Il n’a pas menti. Est-ce la carto ? le terrain ? Des maléfices scandinaves spécialement préparé contre nous personnellement ? Pour Hélène et Odile c’est la cata dès le début. Au point qu’Hélène finira par renoncer à trouver le premier poste après une heure de recherche et rentrera complètement bredouille. Odile a mis presque le même temps à trouver le premier poste mais a continué. Marco a aussi cherché une balise pendant une quarantaine de minutes et ce n’était pas la plus difficile ; la 7 avec ses grosses falaises, il n’a pas réussi à lire le terrain.
Certains postes reprenaient ceux des qualifications du matin. Mais comment qu’y font ?!?
Michel Ediar France FRA non partant
128/139 Marc Ammerich France FRA 2:14:32
Helene Ediar France FRA pm
82/91 Odile Herve-Jousse France FRA 2:01:25
Avec le détail du bas de la carte :
Le 12 juillet : Finale moyenne distance élite
Pas de course open
Sur un parcours moins sélectif que celui de la qualification, l’or échappe à Thierry GUEORGIOU qui doit se contenter de l’argent pour 9 petites secondes. La faute à quelques erreurs (trop loin, trop vite, trop haut) notamment en début de course. A la balise spectacle (9), il avait rattrapé les 47’’ comptabilisées au contrôle précédant le long interposte mais un manque de précision dans l’approche du n° 14 a permis au Russe Leonid NOVIKOV de subtiliser la première place.
A la conférence de presse, à la question « Que ressentez-vous avec cette médaille d’argent ? », Thierry n’a pas voulu céder à la morosité et a répondu avec humour « Oh, great ! it’s my first ! ».
Le 13 juillet : deuxième moyenne distance
On commence en haut des pistes de skis. Tout de suite après ça se gâte nettement.
Difficile de dire quel était le pire des terrains. Celui de l'avant-veille ou celui de cette étape.
Là encore impossible de repérer quels étaient les éléments remarquables qui étaient cartographiés.
Sauf pour Odile dont la plupart des postes étaient assez proches des chemins, les trois autres ont bien profité de la carte …. Michel, qui souriait gentiment aux récits de la veille, a mieux compris l’effarement des troupes.
96/99 Michel Ediar France FRA 2:57:25
123/134 Marc Ammerich France FRA 1:52:13
64/68 Helene Ediar France FRA 2:15:17
79/86 Odile Herve-Jousse France FRA 1:25:55
Conclusion
Seulement deux classés au COPS sans pm ou absence.
108/110 classés Marc Ammerich France FRA 6.21.44 – 141 partants
77/77 classées Odile Herve-Jousse France FRA 5.42.18 – 92 partantes
Voilà une semaine intense en émotions sportives. Des souvenirs superbes et d’autres qui agacent un peu.
Une seule solution : y retourner. Ça vous dit ?
Buon giornio Italia 2014
Buon giornio Italia 2014
Damodile et Kloug